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alyssaworld - Page 6

  • La Mélancolie de la résistance de Laszlo Krasznahorkai

    melancolie-de-la-resistance.JPGLà où un Vallejo - par exemple - nous liquéfie d’angoisse à coup de phrases courtes, étouffées, sur un tempo heurté, Laszlo Krasznahorkai y va d’interminables tirades, entrecoupées de digressions, qui ramènent inlassablement vers l’insaisissable substance qui imprègne ce roman : le mystère.


    Construction surprenante pour un exercice littéraire original et ensorcelant, comme le sont parfois les romans dont la trame repose moins sur l’intrigue que sur l’atmosphère suffocante qui y préside. ‘La Mélancolie de la Résistance’ reprend, cependant, les clés du genre, principalement la lente mise en place du malaise, le règne de l’ombre qui s’avance en nuages de doutes et de peur sur les protagonistes, avec pour subtilité qu’il progresse par strate, qu’il s’étend circulairement pour gagner tout l’univers de sa fragile héroïne, Mme Pflaum. Un univers qui s’en retrouve étriqué et qui ne lui laisse plus de refuge contre l’oppression et la folie de ses congénères.


    Krasznahorkai construit un cocon de mystère pour y faire germer des réflexions désabusées et grinçantes sur la société post-industrielle, ses déboires, ses oubliés, son humanité toujours suspendue aux fluctuations, aux contradictions du postmodernisme. Il dépeint un monde aveuglé d’images, plus à l’aise dans l’illusion que dans le réel. Autant de pistes qu’il fait bon de suivre, même s’il est parfois difficile de ne pas se perdre dans cette vision exagérément apocalyptique. Un roman à la construction magistrale qui déconcertera les moins patients quand les plus courageux seront agréablement récompensés.

     

    La Mélancolie de la résistance de Laszlo Krasznahorkai

    Editeur : Gallimard
    Publication : 9/11/2006

  • Avis sur le roman D’acier, de Silvia Avallone - fin

    Si j’ai aimé ce roman ? Je n’en sais rien. C’est loin d’être une lecture légère, une chape de plomb flotte au dessus des pages. La fin de la troisième partie m’a mise en colère, Silvia Avallone donne une fin somme toute dans la lignée du reste mais c’est un dénouement qui me semble un peu trop « facile », trop cruel, trop attendu. La quatrième et dernière partie qui fait 5 pages m’a en revanche bien plus touchée. C’est finalement une « jolie » fin porteuse de message que je traduis comme un contre-pied à la destinée, au fait que l’on peut aussi se choisir sa vie. Un petit reproche global cependant : des descriptions et des ressassements un peu trop nombreux, même si cela colle bien à l’atmosphère générale ; et peut-être aussi quelques clichés véhiculés (sur les hommes, la jeunesse, les femmes,…), le roman va loin dans les portraits…

    Au vu de la bande-annonce, le film (sorti le 5 juin 2013 en France) m’a l’air d’être fidèle au roman. A voir prochainement en ce qui me concerne, j’ai très envie de voir cette histoire en images… preuve que je m’en suis attachée… Et un bon moyen de connaître l’oeuvre pour ceux qui ne veulent pas lire le livre.

    D’acier, de Silvia Avallone (Acciaio, 2010)
    Traduit de l’italien par Françoise Brun
    Liana Levi, coll Piccolo, 2011, 387 pages

  • Avis sur le roman D’acier, de Silvia Avallone

    dacier-avallone.JPGUn petit coin d’Italie, peu visité des touristes, et pour cause : de grandes barres d’immeubles décrépies font face à une plage où se retrouvent les enfants de la cité. C’est là qu’Anna et Francesca passent leurs après-midi d’été depuis leur plus tendre enfance. En 2001, elles ont 14 ans. Elles sont inséparables, une amitié fusionnelle, possessive, chacune puisant dans l’autre l’énergie nécessaire pour affronter le quotidien de cet environnement : monde ouvrier, monde oublié, de familles laissées sur le carreau par la vie et la société. Le principal gagne-pain des foyers : l’aciérie, mastodonte infernal qui perd peu à peu des parts de marché et qui se voit dans l’obligation de tailler dans la masse… Cette usine est un point d’ancrage et un paysage constant pour les habitants de Piombino.


    L’univers que nous livre Silvia Avallone est rude, à vif, et fait écho à une réalité sociale brûlante de nos jours, en Italie, en France et dans le monde. La crise économique, les laissés pour compte. L’auteure s’est d’ailleurs inspirée de son propre vécu. Le roman nous fait assister au quotidien de tous ces gens, loin des paillettes dont rêve Francesca ou des robes d’avocate dont rêve Anna. Seuls leur spontanéïté, leur fougue, leur amitié et leurs espoirs illuminent ponctuellement la vie de cette cité et de ses habitants. Elles font tourner les têtes et en jouent. Elles séduisent et se séduisent…


    Rosa, la mère de Francesca est une femme démissionnaire, qui ne sait pas comment (ni si elle veut) quitter son mari violent. Sandra, la mère d’Anna, est militante de gauche mais ses efforts ont l’air vains, et elle se demande si elle ne doit pas elle aussi quitter son époux, qui, licencié, cherchera l’argent dans de sombres trafics. Les fils aînés sont embauchés à l’aciérie et se retrouvent ensemble le soir dans des bars où la coke et les filles défilent. Et puis il y a Elena, fille de famille aisée, qui pourra éventuellement réaliser ses ambitions mais qui reste attachée à ses amis moins chanceux.


    Les portraits féminins tranchent beaucoup avec ceux masculins, le machisme et les vielles moeurs étant ancrés dans la belle Italie de l’auteure.

     

     

  • Chronique du livre de Mons Kallentoft, Hiver

    hiver.JPGCe roman nous amène, aux côtés de Malin Fors, une jeune enquêtrice trentenaire, à élucider un mystérieux meurtre. Elle vit seule avec sa fille de quatorze ans, Tove, puisqu’elle s’est séparée de son mari Jan.

    Malin ne vit que pour son métier, et un matin elle est appelée et va découvrir un homme nu, pendu à un arbre en forêt. Autour de lui, aucune trace, la neige a tout recouvert, et commence une enquête qui va mener les inspecteurs à se poser bien des questions. Notamment, comment est-il arrivé là-haut, alors qu’il pèse 150kg ?

    Des questions, le lecteur va s’en poser aussi, entre autre à propos de Malin, qui est une femme assez mystérieuse.

    Le narrateur nous offre un point de vue externe ce qui donne au lecteur une impression de voir un film se dérouler. On découvre les protagonistes en même temps que leurs actes, sans trop en savoir à leur sujet, c’est l’une des raisons pour lesquelles Malin est assez mystérieuse.

    Rapidement on découvre un autre personnage important, le collègue de Malin, Zeke. Zacharias Martinson de son vrai nom, fait partie d’une chorale, et a un fils joueur de hockey. Les deux collègues fonctionnent bien ensemble, et il est très agréable de les imaginer en symbiose, travaillant dans le même sens. Mais ne les imaginez pas ensemble, il n’est pas question de ça, du moins dans ce premier tome.

    On s’aperçoit rapidement que le mystérieux mort parle au lecteur dans quelques apartés. J’ai beaucoup aimé cet élément, qui m’a rappelé Mon nom est rouge, de Orhan Pamuk. Ce dernier s’appelle Bengt Andersson et le lecteur découvre peu à peu son histoire, tentant de comprendre en même temps que les inspecteurs pourquoi il a été tué. Et son histoire est sombre, ce qui n’est pas peu dire. Si on découvre beaucoup d’éléments, le mystère reste entier jusqu’à la fin sur l’identité du tueur ce qui m’a bien plu. En effet j’aime quand la fin d’un roman est haletante, mais malgré tout, cette fin m’a laissée de côté !

    Le récit dure un mois puisque l’enquête se déroule sur le mois de février, et c’est sans doute l’une des explications qui ont fait que je n’ai pas accroché, car le temps du récit est assez dilué, et la ligne directrice est assez difficile à suivre.

    Concernant l’enquête en question, les soupçons se posent sur plusieurs personnes, Malin et Zeke font beaucoup de route pour interroger les différents suspects.

    On découvre par la même occasion le culte des Ases, un élément de la mythologie nordique que je ne connaissais pas, et sur lequel j’ai eu envie de me renseigner. Mais je ne vous en dit pas plus à ce sujet au risque de spoiler !

    Le suspens prend de l’ampleur lorsqu’une deuxième victime fait son apparition, car le tueur apparait soudain sous une tout autre facette. En effet il y a une marge entre un meurtre isolé et une série de meurtres, mais je vous laisse découvrir ce mystère en lisant le roman.

    J’ai aimé la petite histoire dans l’histoire, à travers le petit ami de Tove, Markus, qui a bien du mal à trouver sa place. Cela apporte beaucoup de légèreté au roman.

    Les dernières pages réservent de nombreuses surprises, et j’ai beaucoup aimé la fin, que j’ai trouvée cohérente et bien construite.

    J’ai senti en lisant ce roman un fort potentiel, mais malheureusement je n’ai pas réussi à entrer dedans, même en me consacrant à cette lecture plusieurs heures d’affilées. Quelque chose m’a dérangée, mais encore aujourd’hui, je n’arrive pas à mettre le doigt dessus. C’est vraiment étrange parce que sur le papier, ce roman avait tout pour me plaire, mais le fait est que ça ne l’a pas fait ! Ceci dit, j’ai les 3 tomes suivants dans ma PAL et je compte refaire une tentative avec la suite !


    Mons Kallentoft, Hiver, Le serpent à plume, 483 pages, 2009, 2007 pour la première publication. Traduit du suédois par Max Stadler et Lucile Clauss.

  • Avis sur Celtic Faeries de Jean-Baptiste Monge

    faeries.JPGIl ne sera pas ici question de mythologie mais simplement de Faerie. Nous remiserons donc joyeusement au placard, hormis quelques légères allusions que nous laisserons doucettement suinter (comme Les Celtes et le druidisme ou encore L’Ame celte  ou toujours la Déesse Dana et ses Tuatha De Danann,)  pour nous intéresser uniquement au petit peuple des Celtic Faeries . A ce que d’aucuns, dont vous lecteurs j’espère ne faites pas partie, ne voient que comme une dégénérescence de ces Dieux et Héros des premiers âges, alors même que les Faeries parcouraient déjà la Terre bien avant que l’Homme et ses rêveries ne viennent lui-même, on ne sait trop comment, sans doute par un quelconque jeu du hasard, y mettre les pieds.

    A la frontière de l’invisible, à la lisière des sombres bois touffus de notre enfance, au cœur des vallées enchanteresses de nos premiers émois, au plus profond des landes, des fondrières et des tourbières, alors que le temps fait insidieusement son œuvre, allez !

    Allez, encore et toujours par les chemins aventureux de rêve !

    Quand les brumes s’étirent à la tombée du soir, quand la lune est argentée, toute joufflue et bien haute, allez !

    Tournez neuf fois autour de la colline aux Fées dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, avancez maintenant d’un pas, et… Entrez


    Cet album est magnifique et ce pour plusieurs raisons. Les dessins sont nombreux, et on en trouve partout, jusque dans la préface (écrite par Pierre Dubois), du plus crayonné au plus élaboré.

    L’histoire se présente comme un carnet de croquis de Jean-Baptiste Monge, en souvenir de son épopée en Ecosse, et c’est à travers ses rencontres que les dessins apparaissent, nous laissant découvrir de nombreuses créatures, certaines ravissantes, et d’autres à éviter.

    Ces dessins sont assez bruts et authentiques, comme les personnages qu’ils représentent.

    Les légendes que nous narrent l’auteur sont mystérieuses et étonnantes ; elles m’ont donné envie de me promener en Ecosse pour tenter d’apercevoir ces fées et autres gnomes.

    Parlons-en de ces faeries, puisqu’elles sont longuement décrites et que chacune a droit à sa page. On sort de ce livre en ayant appris plein de choses, et je m’aperçois, en écrivant cette chronique quelques jours après avoir refermé l’ouvrage, que c’est un livre qui reste longtemps à l’esprit.

    J’ai aimé parcourir ce livre, dont les pages sont sûrement magiques, car elles m’ont permis de rêver un peu. Précipitez-vous pour découvrir les dessins de Jean-Baptiste Monge, vous allez adorer !


    Celtic Faeries, Jean-Baptiste Monge, Au bord des continents, novembre 2007, 104 pages.