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Avis sur le roman D’acier, de Silvia Avallone

dacier-avallone.JPGUn petit coin d’Italie, peu visité des touristes, et pour cause : de grandes barres d’immeubles décrépies font face à une plage où se retrouvent les enfants de la cité. C’est là qu’Anna et Francesca passent leurs après-midi d’été depuis leur plus tendre enfance. En 2001, elles ont 14 ans. Elles sont inséparables, une amitié fusionnelle, possessive, chacune puisant dans l’autre l’énergie nécessaire pour affronter le quotidien de cet environnement : monde ouvrier, monde oublié, de familles laissées sur le carreau par la vie et la société. Le principal gagne-pain des foyers : l’aciérie, mastodonte infernal qui perd peu à peu des parts de marché et qui se voit dans l’obligation de tailler dans la masse… Cette usine est un point d’ancrage et un paysage constant pour les habitants de Piombino.


L’univers que nous livre Silvia Avallone est rude, à vif, et fait écho à une réalité sociale brûlante de nos jours, en Italie, en France et dans le monde. La crise économique, les laissés pour compte. L’auteure s’est d’ailleurs inspirée de son propre vécu. Le roman nous fait assister au quotidien de tous ces gens, loin des paillettes dont rêve Francesca ou des robes d’avocate dont rêve Anna. Seuls leur spontanéïté, leur fougue, leur amitié et leurs espoirs illuminent ponctuellement la vie de cette cité et de ses habitants. Elles font tourner les têtes et en jouent. Elles séduisent et se séduisent…


Rosa, la mère de Francesca est une femme démissionnaire, qui ne sait pas comment (ni si elle veut) quitter son mari violent. Sandra, la mère d’Anna, est militante de gauche mais ses efforts ont l’air vains, et elle se demande si elle ne doit pas elle aussi quitter son époux, qui, licencié, cherchera l’argent dans de sombres trafics. Les fils aînés sont embauchés à l’aciérie et se retrouvent ensemble le soir dans des bars où la coke et les filles défilent. Et puis il y a Elena, fille de famille aisée, qui pourra éventuellement réaliser ses ambitions mais qui reste attachée à ses amis moins chanceux.


Les portraits féminins tranchent beaucoup avec ceux masculins, le machisme et les vielles moeurs étant ancrés dans la belle Italie de l’auteure.

 

 

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