L’offensive de Google sur les bastions du savoir a gagné la Suisse. La bibliothèque universitaire de Lausanne a, la première, cédé une partie de sa collection à la firme américaine. 100 000 ouvrages sont en train d’être scannés, page par page, et référencés. Cette numérisation représente un investissement de 15 millions de francs. Les ouvrages devraient être sous peu inclus dans le moteur de recherche spécialisé qu’est «Google recherche livres», et accessibles au monde entier.
La bibliothèque vaudoise a rejoint le club très sélect comprenant une trentaine parmi les plus grandes institutions américaines, ainsi que 7 bibliothèques universitaires européennes (dont celle d’Oxford, de Stanford, de Lyon et de Madrid). Pour Google, il ne s’agit rien de moins que de rendre accessible à tous des documents exceptionnels.
Discours évangélique
«Nous croyons qu’en donnant aux gens la possibilité de partager et de rechercher des informations peut contribuer à briser les barrières communautaires», fait savoir Matthias Meyer, porte-parole de Google Suisse. Un discours quasi évangélique, que l’on est en droit de s’attendre de la part d’un ministre de la culture. Mais qui sonne étrangement dans la bouche d’un porte-parole d’une entreprise privée.
Le patrimoine mondial entre les mains d’un moteur de recherche? Et pour quel usage intellectuel ou économique? La situation de monopole de Google interroge en effet toute la branche du livre. La question des droits d’auteur est évidemment centrale. La firme se trouve dans le collimateur de la justice, tant en France qu’Aux Etats-Unis, où elle devrait prévoir un nouvel arrangement et comparaître le 6 novembre prochain.